Je vous ai vus

Les Funambules

La première fois j’étais enfant,
Je vous ai croisés par hasard
dans le fond d’un jardin
où vous étiez assis serrés l’un contre l’autre.
Vous avez sursauté,
vous vous êtes desserrés,
j’ai bien vu dans vos yeux
que je vous avais surpris
en train de faire quelque chose d’interdit.
Mais je n’ai pas compris.
Et puis un jour j’ai eu 20 ans,
je trouvais les filles tellement belles
que je ne voyais qu’elles.
Vous, je ne vous voyais pas.
Vous vous cachiez si bien
dans des endroits
qui n’étaient jamais les miens.
Je découvrais l’amour,
les toujours,
les jamais,
je découvrais la vie,
la nôtre, pas la vôtre.
De vous, on ne savait
que des femmes qui se touchent dans les films
pour faire bander les hommes,
et des hommes pas très drôles
qui parlent un peu pointu
en faisant des manières
pour faire rire leur public.
Et puis des mots d’ordures
au lieu des mots d’amour.

Je suis devenu un homme,
et un mois de printemps 
les pavés ont fleuri.
Nous avons fait l’amour,
vous avez fait la guerre,
pour pouvoir vous montrer,
pour pouvoir vous aimer,
pour pouvoir vous soustraire 
à vos placards blindés,
à vos cages aux folles,
à vos histoires muettes,
à vos chagrins sans fin.
Et je t’ai vu danser 
couvert de plumes,
et je t’ai vu chanter
 seins à l’air,
regard fier.
Je vous ai vus tanguer
 dans la lumière du jour,
beaux comme un carnaval.

Je vous ai vus défier 
les passants offusqués
 et les lois scélérates
 qui vous interdisaient encore 
de vivre comme je vis.
Je t’ai vu lui rouler
un patin flamboyant
en pleine rue,
vous étiez belles comme des soleils.
Je t’ai vu te passer 
la main dans les cheveux
 et vous étiez si bouleversants.
Je croyais,
vous disiez,
nous pensions que c’était terminé.
Que vous pourriez, comme nous,
vous éprendre,
vous dépendre,
vous reprendre de bonheur en malheur
 comme des êtres vivants,
humains,
aimants.
Le taire ou le gueuler,
le cacher ou le montrer,
et tant pis pour les cons.
Mais ils ont défilé 
par centaines,
par milliers,
par dizaines de milliers.
Ils ont hurlé que non,
c’est impossible,
que toi et eux,
moi et vous,
ce soit la même chose.
Le même amour…
le même amour !
Je t’ai vu recommencer
 à lui lâcher la main,
dans la rue,
parce que c’est trop dangereux.
Et vos cœurs amoureux
 et mon cœur malheureux 
qui battent la chamade
de colère,
de peur,
de fatigue,
et d’amour 
à l’unisson.

Lyrics Submitted by Liale

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